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"Les Archives de la Planète" Musée Albert Kahn

"Les Archives de la Planète" Musée Albert Kahn

 

𓍼 La bougeotte 

 

           Le voyage est une quête. Souvent celle d’un lieu, beau et inconnu, qui serait comme une évidence fabuleuse. Dans cet espace, la disparition des responsabilités quotidiennes donneraient la possibilité d’être "autre". Par essence, le voyage est le rêve d’un quotidien transformé en divine apesanteur. Le mirage d’une vie éventuelle. On peut différencier le voyage du tourisme dans ses caractéristiques temporelles. Un voyage peut s’étendre sur quelques jours, un mois, un an ou peut-être une vie car il ne suit pas systématiquement la logistique, la coordination, l’efficacité, et le parcours bien définit de la pratique touristique.

D’ailleurs "voyageur" pourrait être envisagé comme un métier. Au début du XXe siècle, Albert Kahn envoya des "opérateurs" dans différents pays afin de documenter des pratiques, des paysages et des modes d’activités humaines sur un projet ambitieux d’inventaire visuel mondial (« Les Archives de la Planète »). 
Les "opérateurs" étaient des spécialistes de l’archivage et de la documentation. Ils avaient des qualifications précises (géographie, photographie, écriture) et un but donné, faisant de leur statut de "voyageur" une véritable position. L’imaginaire actuel de "l'opérateur" est paradoxalement assez éloigné de celui du voyageur. Communément, les pensées se dirige vers les opérateurs téléphoniques/internet, ou vers des métiers d’exécutions techniques s’inscrivant dans des processus de fabrication globales (industrie, médical, spectacle...). Ces opérateurs sont souvent invisibles et peu valorisés car ils ne se situent ni au début, ni à la fin, ni à l’origine de la chaîne de production. 

Si le statut du voyageur peut être redéfini, celui du voyage aussi. Les logiciels de recherche internet ne sont- ils pas nommés "navigateurs web" ? Par cette appellation, ils invitent à naviguer sur des houles de codes, à explorer le monde dans son immensité intangible. Le voyage virtuel comporte cependant les mêmes caractéristiques que le voyage physique : découverte, incertitude, flânerie, temps, perdition, apprentissage. Ce travail sera donc un voyage physique et virtuel, en milieu urbain, avec pour posture celle de l’exploratrice-opératrice de proximité. Le lieu d’expédition sera mon lieu de vie, un quartier du 18ème arrondissement de Paris, souvent enjolivé sous l’appellation Village Ramey.

 

La nostalgie d’un village, mitoyen à une destination surtouristique de la capitale : Montmartre. À quelque centaines de mètres de mon quotidien, des personnes venues du monde entier recherche leur part de merveilleux. Face aux flux surabondants entrainés, l’action parisienne qui m’a longtemps traversé était celle de l’écart. Je ressens aujourd’hui les choses sous un autre angle. Ma conception du voyage et les pratiques de découverte qui en découlent (le déplacement conscient, le travail de la mémoire, l’intuition physique, la dérive, le hasard) peuvent démarrer ici-même, dans mon quotidien. Ce voyage sera conduit d’études théoriques et d’enquêtes de terrain, dont la recherche d’une personne disparue, avec pour seule trace d’existence, un objet oublié

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