Lou Parisot, résidence ARCA au DOC, Paris, 2021. © Lola Rossi.
PRATIQUE
Les dispositifs sculpturaux caractérisent une pratique du volume qui inclut la perception et l’expérience physique du visiteur dans la définition même de l’œuvre (« Voir la sculpture : Essai sur le dispositif sculptural », Gérard Le Don, 2018). Mes dispositifs sculpturaux dialoguent avec les lieux en établissant des connexions historiques et psychiques. J'enquête de manière plastique ou manuscrite autour d'objets, de non-humains, avec une approche personnelle animiste (Philippe Descola) en lien avec la perception.
C’est d’abord une archéologie de l’espace, suivie d’une présence in situ, et enfin une pensée interactive qui engage, à travers ces œuvres, des récits alternatifs. Leurs systèmes sont artisanalement raffinés et leurs esthétiques s’inscrivent dans une nouvelle veine de Barocco-Tech. Leurs formes sont métamorphes, perméables : ces dispositifs sont tantôt totems, parures ou installations. Ils jouent avec des gestes réversibles, le danger provoqué par la gravité, ou peut-être simplement le danger qui nous entoure. Par moments, ils s’hybrident avec la technologie, via des détournements numériques.
À travers eux, je développe ce que je définis : un DoppelWelt (de l'Umwelt de Jakob von Uexküll et du Doppelgänger, jumeau imaginaire folklorique). Un monde double, ou autre, composé de sculptures connectées à leur environnement et aux personnes. Mes dispositifs-sculpturaux participent ainsi à la création d’un IoS (Internet of Sculptures), en écho à l’IoT (Internet of Things), et engagent une perception des choses invisibles, oubliées, désuètes, secondaires.
L’objet n’est plus une sculpture sur cube ou un Odradek (Franz Kafka), mais devient un élément animé, acteur de problématiques contemporaines. Un être engagé qui engage. Ce goût pour l’animé et l’espace scénique est ancré depuis mon enfance, nourri par des voyages de scène en scène, auprès de parents auteurs-compositeurs-interprètes, eux-mêmes portés par la musique française, folk, brésilienne et indienne. Mes dispositifs-sculpturaux établissent ainsi des narrations scéniques spéculatives qui révèlent un rêve : celui d’un quotidien transformé.