top of page
carte notice copie.jpg

Lucio Fontana, " Ambiente spaziale", 1949.

Hito Steyerl

Philippe Quesnes

Isa Genzken

Tony Oursler

Laura Gozlan

Lou Parisot, "Madame", 2019

 1𓍼 ​Contours d'une pratique sculpturale

 

          Une sculpture est vue par ses surfaces, c’est un objet détaché de l’environnement mais habitant le milieu. Ordinairement, une sculpture est le résultat de l’action humaine sur une surface préexistante. Sa mise en présentation la différencie des autres objets habitant le milieu. Une sculpture trouve sa fonction dans l’ouverture réflexive qu’elle transmet à un individu via la perception. Elle est donc intimement liée à la vision. Toutefois, en approfondissant ce rapport perceptif et spatial certaines sculptures se sont fragmentées pour trouver une recomposition dans un assemblage d’éléments ou de gestes, parfois hétéroclites. Des premiers initiateurs de cette brèche sculpturale on peut citer Lucio Fontana et ses « Ambiente spaziale » qui initia dans les années 50 le mouvement Spatialiste incluant le temps et l’espace dans l’oeuvre.

Aujourd’hui, les données physiques, spatiales et temporelles qui engagent la création, n’existent principalement plus par des références gravitaires mais par des rapports de flux. Ces flux sont l’essence même de tous nos modes de vies actuels comme le transport, les communications ou l’écalairage. La force fascinante de ces flux réside dans leur immatérialité, leur invisibilité ou du moins, l’illusion que l’on en donne. La force effrayante se trouve dans leurs modes de fonctionnement qui révèlent une matérialité cachée faite de réseaux, d’appareils, de lieux privés, de centres de donnés, d’antenne-relais, ou de « surabondan
ce spatiales » (Marc Augé, 1992). Des physicalités qui prennent de la place sur les vivants et impact fortement l’environnement.

Fanny Lopez appuiera la visibilisation de « l’infrastructure électrique » qui n’est autre que le double caché du numérique (« À bout de flux », 2022). Ces flux ne sont pas occultes mais le résultat de machines fonctionnant via des systèmes, d’un poids matériel conséquent. Ce sont des dispositifs. La notion de dispositif est reliée à la manière dont sont agencés les éléments d’un appareil en vue d’un but précis, stratégique ou producteur d’énergie (Définition https://www.cnrtl.fr/). L’étalagisme est aussi un dispositif de présentation attirant le regard dans le but d’un achat.

Parallèlement à l’observation et à l’utilisation quasiment inévitable de ces flux, de nombreux artistes ont fragmenté l’idée traditionnelle de la sculpture pour laisser place à des installations, des assemblages ou des totems se détachant de la gravité et jouant l’espace (de mes références: Mike Kelley, Tony Ourlser, Isabelle Cornaro, Laura Gozlan, Hito Steyerl, Isa Genzken, Philippe Parreno, Philippe Quesnes, Mika Rottenberg, Shana Moulton, Pakui Hardware, ainsi que beaucoup d’artistes dit "émergents", Biennale de Lyon « Mondes flottants » 2017, « Manifesto of Fragility », 2022). Si ces oeuvres sont polymorphes, hybrides, flottantes, et éclatées, elles fonctionnent toutes via des associations mentales ou des liens visibles. L’ensemble est comme un sytème qui crée une expérience sensible apportant la réflexion. C’est pourquoi, en réponse à la question de ma pratique plastique, j’ai précise à présent mon langage pour parler de Dispositif-sculptural

Les dispositifs-sculpturaux existants sont souvent détachés du milieu dont ils parlent. Car, en revenant aux origines de la définition d’une sculpture, c’est le geste sur la matière, sa mise en présentation et son détachement du milieu qui permettait justement d’identifier le statut artistique. Marcel Duchamp fut un des premiers à jouer de ces règles sculpturales avec ses ready-made (Urinoir « Fontaine », 1917). 

Certains dispositifs-sculpturaux se sont singularisés dans le renversement des attentes traditionnelles du milieu artistique. Des oeuvres qui existent dans la remise en question même de leur présentation. Des oeuvres se mettant “en abîme”. Cet intérêt pour le contexte va déterminer une particularité artistique que Jan Świdziński définira comme “Art contextuel” (1976). Paul Ardenne publiera également un livre manifeste à ce sujet (« Un art contextuel, création artistique en milieu urbain, en situation, d'intervention, de participation », 2002) et définira cet art comme « l’ensemble des formes d’expression artistique qui diffèrent de l’œuvre d’art au sens traditionnel : art d’intervention et art engagé de caractère activiste, (happenings en espace public, « manoeuvre »), art investissant l’espace urbain ou le paysage (performances de rue, art paysager, en situation…), esthétique dites participatives ou actives dans le champs de l’économie, des médias ou du spectacles » p.11. 

 

L’intérêt pour le contexte constitue la deuxième spécificité de ma pratique personnelle. La première manifestation de cet intérêt commença avec mon expérience des résidences d’artistes. J’éprouvais une impression d’« illégitimité » à exposer, à vivre et à travailler dans des espaces d’accueils si je ne prêtais pas un minimum d’intérêt à leur histoire, travailleurs et objets. Je souhaitais engager une rencontre attentionnée avec ces histoires. Cette manifestation prit de l’ampleur au fil du temps pour devenir une partie importante du travail. Les « dispositifs-sculpturaux » devenaient souvent in situ.
L’attachement au lieu se transféra sur celui de la chaine d’existence d’une oeuvre : conception, transport, accrochage, exposition, stockage, pérennité ou éphémérité. En cela, je me suis sentie devenir proche d’artistes comme Émilie Perotto (Prix MAIF 2022) qui aboutira toute forme de productions matérielles à des contextes précis et à des fabrications nécessaires. Dans ce but, elle mettra en place un groupe de spécialistes de la « situation sculptural » qui proposent des prestations (« de service ») de situations physiques ou mentales. Un bureau sera dédié à ces prestations : « Situation Sculptural Service ». Les expertises de ces spécialistes reposent « essentiellement sur leur pratique phénoménologique des contextes spatial, social, historique et économique d’émergence de la situation sculpturale » (www.situationsculpturale.com/).

 


 

Emilie Perotto, Prix Maif, 2022

Lou Parisot, "Candélabre", 2020

cristina 3D.png

« Retournez sur la Carte et cliquez sur le Métro Château Rouge
pour poursuivre... 
»

metro.png
bottom of page